vendredi 24 juillet 2009

Chapitre 12 : Opération « Houba hop ! »

« Madame, il y a quelqu’un au visiophone qui demande à vous parler…

Marie-Claire de Castelbougeac fronça les sourcils, qui étaient aussi élégants que le reste de sa personne. A plus de soixante ans, la relativement riche veuve du baron de Castelbougeac resplendissait toujours. Et ce n’était pas au moment de passer à table, pour le déjeuner de Noël, qu’elle allait négliger son apparence.

-Nous n’attendons plus personne, pourtant, fit-elle en parcourant du regard l’ensemble des convives qui prenaient l’apéritif au salon.

Héloïse, sa fille cadette, son gendre, leur petit garçon de deux ans, sa mère (qui portait beau ses quatre-vingt dix ans), et enfin son compagnon, veuf comme elle et guère dans le besoin non plus. Il ne manquait que sa fille aînée, partie au Brésil, et qui n’avait toujours pas appelé pour lui souhaiter un joyeux Noël. Cela l’inquiétait particulièrement, après ce qu’elle avait entendu aux infos sur les émeutes de Rio de Janeiro. Elle avait déjà tenté d’elle-même de la joindre à son hôtel, mais la réceptionniste lui avait répondu que Mylène n’était pas rentrée depuis la veille. Marie-Claire avait tenté de se rassurer, sachant que sa fille et Jean-Marie Fondar devaient passer le réveillon avec l’homme le mieux gardé de France, mais son instinct de mère la titillait fort désagréablement.

-Qui est-ce, Sarita ?

-Une certaine Mme Delpeyrat. Elle dit qu’elle doit absolument vous parler. Il s’agit de mademoiselle Mylène, paraît-il.

Marie-Claire fut franchement intriguée, et vaguement inquiète. Héloïse le remarqua aussitôt et posa sa flûte de champagne sur un guéridon Louis XV.

-Tu connais cette dame, maman ?

-Pas plus que toi, ma chérie…mais je vais tirer cela au clair. Je vous abandonne un instant.

Mme de Castelbougeac se rendit au vestibule en faisant claquer ses talons sur le vieux parquet, suivie par l’employée de maison.

-Je dois vous prévenir, Madame, que cette personne n’a pas l’air très…enfin, très comme il faut.

-Voyons donc cela, répondit Marie-Claire en prenant le combiné du visiophone.

Sur le petit écran couleur s’affichait le visage peu engageant d’une quinquagénaire aux yeux creux comme ses joues.

« Une vraie clocharde, songea aussitôt Marie-Claire. Cela doit être une de ces parasites qui croient que Noël leur permet toutes les audaces en jouant sur les bons sentiments des classes sociales « favorisées » !

-Oui ? fit-elle avec un rien d’agressivité.

-Oh, mam…heu, Madame ! Merci de me consacrer quelques instants ! Je suis désolée de vous déranger, mais c’est vraiment très urgent…

Elle parlait un peu trop vite, d’une voix râpeuse et déplaisante.

-Faites-vite, je vous prie…j’ai des obligations, voyez-vous.

-Il s’agit de Mylène. Il lui est arrivé quelque chose de terrible !

Marie-Claire sentit le sang battre plus vite à ses tempes. Elle éprouvait un mélange de peur et de colère envers cette intruse au visage ingrat.

-Ma fille est au Brésil, et je n’ai aucune raison de penser qu’il lui soit arrivé quelque chose de grave. Comment la connaissez-vous ?

-Eh bien, je… »

La bonne femme jeta un regard de côté, comme si elle attendait une aide de quelqu’un placé près d’elle, hors champ du visiophone. La méfiance de Marie-Claire en fut redoublée.

-Disons que je…je la connais très bien, et depuis longtemps.

-Et comme par hasard, elle ne m’aurait jamais parlé d’une aussi vieille copine ? Vous me faites perdre mon temps ! Joyeux Noël quand même ! »

Et Marie-Claire coupa net.

*

« Maman, je t’en prie ! Laisse-moi une chance ! hurla Mylène en appuyant frénétiquement sur le bouton d’appel.

-Laisse tomber, lui dit gentiment Jean-Marie en la prenant par l’épaule. Je t’avais bien dit que ça ne marcherait pas…tout ce qu’on va gagner, c’est… »

La gardienne de l’immeuble classé apparut à la fenêtre de sa loge, qui donnait juste à côté de la porte cochère en bois massif. Elle ressemblait fortement à Josyane Balasko.

-C’est bientôt fini ces braillements ?! Barrez-vous tout de suite ou j’appelle les flics !

-Ouais, ouais, on y va…Viens, Mylène… »

Et le couple de SDF s’éloigna lentement, la pauvre Mylène pleurant à chaudes larmes. Elle n’était plus à sa place dans ce beau quartier, l’un des plus agréables du XVIe arrondissement, où les rares passants qu’ils croisaient ne pouvaient s’empêcher de les considérer avec un mélange de stupeur et de dégoût mal dissimulé.

« Mais que va-t-on faire, maintenant ? Où va-t-on aller ?

-Côté famille pour moi, c’est zéro, dit Jean-Marie, mais je ne pense pas que ma propre mère m’aurait mieux accueilli, si ça peut te consoler.

-Tu parles, ça me remonte le moral à un point ! renifla Mylène.

Le brave Nanard leur avait expliqué que les Delpeyrat ne pouvaient guère compter sur leurs proches. Leur histoire était assez lamentable. Deux ans plus tôt, ils tenaient encore un bar-tabac à Boulogne-Billancourt, mais la faillite de nombreuses entreprises du coin avaient fait disparaître leur clientèle d’habitués, déjà fortement réduite par la flambée de la taxe sur le tabac et l’interdiction de fumer dans les cafés-restaurants. Ils avaient vendu leur fonds de commerce à un prix intéressant, espérant investir dans un autre projet, mais leur conseiller financier avait eu l’excellente idée de confier toutes leurs billes à une société d’investissement américaine appartenant à un certain Willard Doffmann, spécialiste de l’entourloupe de haut niveau. L’escroc était depuis en prison, mais le couple de buralistes n’avait plus que ses yeux pour pleurer. Et, contrairement, à ce triste sire, les Delpeyrat n’avaient aucune garantie de dormir au chaud la nuit suivante. Leurs enfants, leurs frères, sœurs et cousins leur avaient tous peu à peu tourné le dos. Apparemment, les Delpeyrat n’avaient pas effectué toutes les démarches nécessaires pour toucher les minima sociaux –ou en avaient été privés pour d’obscures raisons que Nanard avait été infichu de leur expliquer-, et ne vivaient plus que de mendicité dans le métro : Dédé jouait de l’harmonica, et Zézette de la flûte de Pan, avec de ridicules bonnets péruviens et des ponchos troués.

Avant de quitter le Pont de l’Alma, Jean-Marie et Mylène s’étaient essayés à pratiquer ces instruments, mais ils durent constater avec amertume que le transfert de personnalité réalisé par Fantômarx s’était limité à leur seule enveloppe corporelle.

« Honnêtement, leur avait dit Nanard avec un pauvre sourire, c’était pas terrible ce que vous jouiez avant, mais là…vous avez vraiment tout oublié, hein ? »

-Jean-Marie, dit Mylène d’une voix qui se voulait plus assurée, il est hors de question que nous passions une autre nuit dehors, ou dans un des ces horribles foyers pour sans-abri.

-Tout à fait d’accord, mais que veux-tu faire ? Porter plainte au commissariat le plus proche pour vol de corps et d’identité ? Nous n’aurons pas plus de succès qu’avec ta mère…

-Il nous reste des amis ! Et j’ai trouvé une carte téléphonique dans ce…dans mon sac. Nous devons nous y prendre autrement, faire en sorte de leur parler avant qu’ils ne voient nos nouveaux visages, et les y préparer…

-Hum ! Cela paraît facile comme ça, mais comment…

-Tu vas me laisser faire, et je sais par qui commencer ! »

Un peu regonflés moralement, les deux SDF se mirent en quête d’une cabine téléphonique. Ils mirent une bonne heure à en dénicher une, tant le succès des téléphones portables avait incité les autorités à se défaire de ces vieilleries coûteuses à entretenir.

D’une main qui tremblait légèrement, Mylène glissa sa carte dans la fente, pour voir aussitôt le message suivant s’afficher sur le petit écran jaune :

« Crédit épuisé ».

-Va falloir casser notre maigre tirelire, ma chérie, grinça son compagnon d’infortune. Mais surtout trouver un marchand de cartes téléphoniques ouvert un 25 décembre…

-Et merde ! »

*

En ce milieu d’après-midi, un soleil ardent écrasait la base aérienne Santos Dumont, située à 25 km au Nord-ouest de Rio de Janeiro. Toutefois, la petite équipe rassemblée dans un hangar climatisé et fortement gardé avait autre chose à faire qu’à commenter les joies de l’été austral.

Sur une petite estrade, autour d’un pupitre, se tenaient le commissaire Labrousse le commandant Pourteau et le colonel Fernandes. Face à eux, assis en ligne sur des chaises pliantes, six hommes du commando spécial d’intervention du GASP en tenue noire attendaient avec impatience le briefing de leurs chefs. En arrière-plan, la silhouette sombre de l’un des deux hélicoptères d’espionnage amenés de France par avion gros porteur semblait veiller sur tout le monde comme un gros insecte de métal. L’éclairage du hangar se limitait à l’espace occupé par les hommes. Dans le dos des trois chefs, un grand écran avait été dressé pour projeter les illustrations nécessaires à l’exposé préparées sur un ordinateur portable placé sous le pupitre.

« Messieurs, commença Labrousse après s’être raclé la gorge, la mission que nous allons vous exposer est infiniment délicate et périlleuse. Nous n’avons eu que peu de temps pour réunir les informations nécessaires à son exécution, et nous sommes parfaitement conscients qu’elles sont dramatiquement insuffisantes pour assurer au mieux votre succès… »

Ça commence bien ! songea le capitaine Terrasson, qui commandait le groupe d’assaut. Mais cette entrée en matière suscitait chez lui une agréable montée d’adrénaline. Il n’était pas entré au GASP pour faire du tricot.

« Cette mission, poursuivit Labrousse, est la plus importante que les services spéciaux de notre pays aient jamais eu à accomplir depuis leur création. Il s’agit de libérer le Président de la République française, enlevé la nuit dernière par des terroristes ! »

Les visages durs des hommes d’action se figèrent de stupeur. Ils avaient eu beau subodorer qu’il y avait du louche dans cette histoire de président caché dans son hôtel, et savoir que bon nombre de leurs camarades avaient été mis au tapis par de mystérieux agresseurs dotés de moyens stupéfiants, ils n’en étaient pas moins abasourdis. Le lieutenant Pujol leva le doigt :

-Sait-on au moins qui a fait le coup ?

-Personne n’a encore rien revendiqué, répondit Pourteau, mais nous avons de bonnes raisons de penser qu’il s’agit de Fantômarx ! Voilà l’occasion, messieurs, de prendre votre revanche sur celui qui nous a ridiculisés il y a quelques jours !

Ouais, et surtout moi ! pensa Terrasson, qui avait toujours sur les papilles l’horrible goût de fraise chimique du sirop dans lequel il avait baigné. Labrousse leur expliqua brièvement, avec les mêmes moyens illustratifs que pour le colonel Fernandes, comment la GASP et la DCRI avaient pu pister Zarkos et ses ravisseurs jusqu’au repaire de ces derniers.

Sur l’écran apparut une image satellite représentant un vaste complexe de bâtiments formant un quadrilatère régulier tracé en pleine jungle. Le colonel Fernandes se chargea du commentaire :

« Il s’agit de l’image la plus récente que nous ayons de la Colonia alemana, ou colonie allemande, située en Argentine, dans la province des Misiones. C’est une langue de terre entourée par le Brésil au nord et à l’est, le Paraguay à l’ouest et l’Uruguay au sud. Une région sauvage et très peu peuplée, dont une bonne partie est désormais incluse dans le parc national d’Iguazu. Les routes y sont rares et plutôt mauvaises, mais il y a un aéroport international à une vingtaine de kilomètres seulement, à l’ouest de la Colonia. Il dessert le complexe touristique édifié depuis quelques décennies autour des célèbres chutes d’Iguaçu, que se partagent le Brésil et l’Argentine.

« Comme son nom l’indique, la Colonia a été fondée par des émigrants allemands venus en Argentine à la fin du XIXe siècle. Ils ont acheté des terres aux Jésuites, qui veillaient sur les Indiens Guaranis depuis les débuts de la colonisation européenne, en promettant de poursuivre l’œuvre civilisatrice de cet ordre religieux. De fait, ils ont surtout développé une forme d’agriculture vivrière, puis commerciale, en faisant faire le sale boulot aux Indiens sans leur donner grand chose en retour. Les Guaranis ont fini par fuir les lieux, surtout après que Helmut Von Hansel eût pris la direction de la direction de la Colonia en 1946. »

Plusieurs photos défilèrent sur l’écran, montrant toutes le visage d’un homme à différents stades de sa vie, à partir d’environ trente ans. Si les cheveux se raréfiaient et blanchissaient, les traits restaient durs, qu’un même sourire étrange n’adoucissait en rien. Un profil d’aigle, avec des yeux enfoncés et cruels. Les premières images montraient Von Hansel en uniforme noir de la SS.

« Von Hansel fut pendant la guerre le premier assistant du fameux Doktor Mengele, le médecin SS d’Auschwitz, dont il partageait la passion pour les études génétiques. Ayant échappé aux recherches des services secrets alliés, il s’est réfugié en Argentine où le régime de Juan Peron lui a fait bon accueil, comme à beaucoup d’autres anciens nazis tels que Heichmann. Sous son impulsion, la Colonia alemana s’est peu à peu reconvertie dans la recherche de pointe, dans différents domaines : agronomie, biologie, pharmacie, puis informatique, avec toutefois, semble-t-il, une prédilection pour la génétique. Selon différentes sources, de nombreux cobayes humains auraient servi aux expériences menées par Von Hansel. Des Guaranis d’abord… »

Une photo couleur datant de 1964 apparut à l’écran, celle d’un homme, torse nu, de type indien, avec cette caractéristique chevelure raide coupée au bol. Mais la peau du gars était d’une pâleur anormale, les cheveux d’un blond presque blanc, et les yeux d’un bleu délavé qui produisait un effet terrifiant. Les commandos échangèrent des mines dégoûtées.

« …Puis des prisonniers politiques livrés par la dictature des colonels, entre 1976 et 1983. Après la mort de l’ancien nazi, c’est son fils Johann qui a repris l’œuvre paternelle, avec certainement d’autres sources d’approvisionnement en cobayes humains… Voici le portrait le plus récent du fiston… »

Un quinquagénaire aux joues creuses, barbichu et grisonnant, au crâne passablement déplumé fit son apparition à l’écran. Dans sa blouse grise d’où émergeait un maigre cou de vautour, il faisait plutôt penser à un vieil instituteur de province. Il se tenait appuyé à une balustrade en bois, sur fond de forêt tropicale. Il avait le même profil d’oiseau et le même regard fixe que l’ara multicolore perché sur son épaule. La tête d’un génie ou d’un fou furieux.

Le lieutenant Ferrugia leva la main :

-Comment se fait-il que l’actuel gouvernement argentin, censément démocratique, laisse faire tout cela ? Si vous savez toutes ces choses, ils les connaissent aussi…

-Très juste. Mais les Von Hansel, père et fils, ont su nouer au fil du temps tout un réseau d’influences et de protections, qui s’étendent jusqu’aux Etats-Unis. A l’époque de l’Opération Condor, la grande manœuvre de nettoyage anti-communiste que la CIA a menée en Amérique latine dans les années 60 et 70, la Colonia a constitué l’une des principales bases logistiques des Yankees. Ils ont aussi effectué pour la dictature argentine pas mal de vilaines besognes, et ont gardé un bon paquet de noms dans leurs fichiers qui pourraient encore gêner du monde aujourd’hui. Par ailleurs, la Colonia est très riche : elle verse chaque année en impôts des millions de dollars à un gouvernement qui ne peut pas se permettre de cracher dessus en temps de crise…sans parler des pots de vin ! Certains estiment que Von Hansel serait la deuxième ou la troisième fortune du pays…C’est lui qui a financé l’essentiel de l’aéroport qui dessert la région, qui paye le salaire et l’équipement des employés du parc national d’Iguazu. Il a des parts dans tous les hôtels du site des cataractes, côté argentin et brésilien, et figure parmi les plus gros actionnaires des principales entreprises du pays. S’il coule, l’Argentine sombre.

-D’où tire-t-il tout ce pognon ? interrogea le lieutenant Valentin.

-Officiellement, la Colonia tout entière appartient aujourd’hui à une entreprise privée dont le PDG est Johann Von Hansel lui-même, une société baptisée Misiones Biotech Corporation, ou MBC. Nos recherches ont révélé des liens très étroits, en participations croisées, avec d’autres entreprises telles que le géant World Biotech Engineering Corporation, qui a émergé depuis quelques mois en profitant de la crise financière pour avaler un certain nombre d’entreprises de pointe du monde occidental.

-Où est basée cette belle entreprise ? demanda Terrasson. Aux Iles Caïmans ?

-Perdu, mais de peu, répliqua Pourteau… aux Iles Vierges ! Mais détail intéressant, la World Biotech détient également en pleine propriété la Caribbean Properties Company, la société immobilière bahaméenne propriétaire de l’immeuble de la rue de Kabylie où vous êtes intervenus dimanche dernier. Curieux hasard, n’est-ce pas ? Voilà pourquoi nous estimons que tout ceci implique notre cher ami Fantômarx.

-Un révolutionnaire marxiste complice d’anciens nazis, de la CIA et des fachos argentins ! ironisa Pujol. On aura tout vu…

-L’Histoire politique en a vu d’autres, ajouta Labrousse. La fin justifie les moyens.

-A moins qu’il ne soit lui-même un ancien nazi, voire Von Hansel lui-même, suggéra Ferrugia. Son numéro gauchiste ne serait que poudre aux yeux !

-Ce sera à vérifier, coupa Labrousse. En tout cas, et pour répondre à la question de Valentin, la Misiones Biotech serait à l’origine de beaucoup de brevets juteux, reposant sur la découverte et la synthèse de molécules utilisées par l’industrie pharmaceutique : mélatonine, viagra, spiruline…Par ailleurs, elle engrangerait de fortes sommes par ses activités de chirurgie esthétique destinées aux VIP de tout poil : stars du show-biz, hommes politiques et businessmen, mafieux. Il ne s’agirait pas là de simples retouches, mais d’une refonte complète de l’identité physique des clients de MBC. Visage, empreintes digitales, et même voix, ce qui serait théoriquement impossible.

-Mais qui nous ramène une fois de plus à Fantômarx, le roi de la substitution d’identité ! insista Pourteau. L’étau se resserre, messieurs…

Le colonel Fernandes reprit la parole, après que son collègue français eut pris le temps de savourer son petit effet sur les commandos, dont la tension était à son comble. Enfin, l’ennemi commençait à avoir un visage, une localisation ! Ils allaient pouvoir frapper à leur tour, au lieu de subir les fantaisies de l’homme au masque rouge.

« Cette longue entrée en matière, vous l’aurez compris, était nécessaire que vous compreniez à quel ennemi nous avons affaire. Un ennemi puissant, disposant d’appuis solides, dans un pays étranger. Certes, l’Argentine et le Brésil sont partenaires dans le cadre du Mercosur, et nos dirigeants partagent en ce moment les mêmes vues générales sur bien des sujets, comme notre émancipation à l’égard des Etats-Unis. Mais il serait illusoire de penser que nous obtiendrions rapidement l’accord de nos homologues argentins pour une intervention concertée sur le territoire de la Colonia. Il faut aussi considérer que Von Hansel doit avoir des antennes dans toute l’Argentine. Si nous entrions en contact avec les Argentins pour les avertir de l’affaire, il en serait aussitôt informé, et tous nos plans seraient à revoir. D’autre part, la région des Misiones fut longtemps disputée entre les pays voisins, et le nationalisme de nos deux peuples est toujours à fleur de peau, malgré les accords de libre-échange. Nous allons donc devoir jouer très serré : frapper vite, tout en évitant la catastrophe diplomatique. C’est pour cela que nous avons conçu l’opération dont le nom de code sera… »

Il toussa, un peu gêné, laissant le commissaire Labrousse prendre la relève :

-L’opération « Houba Hop ! »

A suivre…dans Le GASP saute sur Iguaçu.

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